Le développement économique et social de l’Afrique s’appuie en partie sur un écosystème complexe d’acteurs, parmi lesquels les banques et institutions de financement du développement, qui mobilisent des ressources considérables pour le continent. Ces institutions, qu’elles soient multilatérales, régionales ou bilatérales, jouent un rôle fondamental dans le financement du développement à travers des projets structurants et des investissements stratégiques.
Cet article présente une analyse détaillée des principaux acteurs du financement du développement en Afrique, leurs modes d’intervention et leur contribution à la transformation économique du continent.
Les acteurs du financement du développement
L’écosystème du financement du développement en Afrique se caractérise par une diversité d’acteurs aux mandats complémentaires. De la Banque mondiale aux institutions bilatérales, chaque organisation apporte son expertise et ses ressources spécifiques au service du développement du continent.
1. Les banques multilatérales de développement
Ces institutions sont créées et détenues par plusieurs États membres. Elles se distinguent par leur capacité à mobiliser des ressources importantes sur les marchés financiers internationaux grâce à leur notation financière généralement très élevée.
Le Groupe de la Banque Mondiale
- BIRD (Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement) : créée en 1944, elle finance les pays à revenu intermédiaire.
- IDA (Association Internationale de Développement) : fondée en 1960, elle soutient les pays les plus pauvres avec des financements concessionnels.
- SFI (Société Financière Internationale) : établie en 1956, elle se concentre sur le financement du secteur privé.
- MIGA (Agence Multilatérale de Garantie des Investissements) : depuis 1988, elle fournit des garanties contre les risques politiques.
Les banques régionales
- BAD (Banque Africaine de Développement) : fondée en 1964, elle est le principal bailleur de fonds multilatéral du continent.
- BEI (Banque Européenne d’Investissement) : active en Afrique depuis 1963 via des mandats spécifiques.
- BIsD (Banque Islamique de Développement) : créée en 1975, elle finance des projets conformes à la finance islamique.
Les banques sous-régionales
- BOAD (Banque Ouest-Africaine de Développement) : opère dans l’UEMOA depuis 1973.
- BDEAC (Banque de Développement des États de l’Afrique Centrale) : active dans la CEMAC depuis 1975.
- TDB (Trade and Development Bank) : dessert l’Afrique orientale et australe depuis 1985.
2. Les Institutions Financières de Développement (IFD) bilatérales
Ces institutions sont détenues par des États et se concentrent principalement sur le développement du secteur privé. En voici quelques-unes parmi les plus actives :
- Proparco (France) : filiale de l’AFD créée en 1977
- DEG (Allemagne) : membre du groupe KfW depuis 1962
- FMO (Pays-Bas) : Établie en 1970
- BII (Royaume-Uni) : anciennement CDC Group, fondée en 1948
- DFC (États-Unis) : créée en 2019, succédant à l’OPIC
- Norfund (Norvège) : opérationnelle depuis 1997
- Finnfund (Finlande) : active depuis 1980
Cette multiplicité d’acteurs (liste non exhaustive), loin d’être une source de complexité, permet une diversification des sources de financement et une meilleure adaptation aux besoins spécifiques de chaque projet.
Les domaines d’intervention prioritaires des banques et institutions de développement sur le continent africain
Les institutions de financement du développement concentrent leurs interventions sur des secteurs stratégiques, essentiels à la transformation structurelle des économies africaines. Leurs investissements ciblent tant les infrastructures physiques que le capital humain.
1. Infrastructures économiques

Le déficit en infrastructures représentant l’un des principaux freins au développement africain, les institutions y consacrent une part majoritaire de leurs financements. Dans le transport, les investissements ciblent la construction et la réhabilitation des axes routiers majeurs, des ports en eaux profondes et des réseaux ferroviaires pour désenclaver les territoires. Le secteur énergétique reçoit un soutien important pour accroître la capacité de production électrique, moderniser les réseaux de transport et étendre la distribution, particulièrement en zone rurale. Les projets de télécommunications visent à améliorer la connectivité numérique, tandis que les investissements dans l’eau et l’assainissement cherchent à garantir l’accès universel aux services de base.
2. Développement du secteur privé
Le développement d’un secteur privé dynamique constitue un axe majeur d’intervention. Le financement des PME s’effectue principalement via des lignes de crédit aux banques locales et des mécanismes de garantie. L’appui aux institutions financières locales renforce leur capacité à servir l’économie réelle. Le développement des marchés de capitaux vise à mobiliser l’épargne locale et à diversifier les sources de financement. Le soutien à l’entrepreneuriat combine financement, assistance technique et accompagnement des startups innovantes.
Le développement du secteur privé est le cœur de l’activité de Fanaka&Co
3. Agriculture et sécurité alimentaire
L’agriculture, secteur clé pour la réduction de la pauvreté et la sécurité alimentaire, bénéficie d’interventions ciblées. La modernisation des pratiques agricoles passe par la mécanisation et l’adoption de techniques durables. Le développement des chaînes de valeur vise à augmenter la transformation locale des produits agricoles. Les projets d’irrigation et de résilience climatique protègent contre les aléas climatiques, tandis que l’amélioration de l’accès aux marchés renforce les revenus des producteurs.
4. Développement humain
Les investissements sociaux constituent le socle du développement à long terme. Le financement des infrastructures de santé cible la construction d’hôpitaux et de centres de soins, particulièrement dans les zones mal desservies. Le soutien aux établissements d’enseignement vise à améliorer l’accès et la qualité de l’éducation. La formation professionnelle s’oriente vers l’adéquation avec les besoins du marché du travail. Les systèmes de protection sociale reçoivent un appui pour étendre leur couverture aux populations vulnérables
Il s’agit donc d’une approche multisectorielle qui permet d’assurer un développement équilibré et durable, en adressant simultanément les différents défis auxquels fait face le continent.
Les mécanismes de soutien des banques et institutions de développement dans les pays africains
Pour répondre efficacement aux besoins variés de développement, les institutions financières ont développé une gamme complète d’instruments, allant des outils traditionnels aux solutions les plus innovantes.
1. Instruments financiers traditionnels
Les prêts souverains constituent l’instrument historique des banques de développement, offrant aux États des financements à long terme à des conditions concessionnelles. Les prêts non-souverains ciblent directement les entreprises privées et les projets commercialement viables, généralement à des taux proches du marché. Les prises de participation permettent aux institutions d’investir directement dans le capital d’entreprises prometteuses, partageant ainsi les risques et les bénéfices. Les garanties facilitent l’accès au financement en couvrant une partie des risques encourus par les prêteurs commerciaux. Les dons et l’assistance technique accompagnent souvent les autres instruments pour renforcer les capacités et améliorer la qualité des projets.
2. Mécanismes innovants
Le financement mixte (blended finance) combine des ressources concessionnelles avec des financements commerciaux pour débloquer des investissements dans des secteurs à fort impact. Les obligations vertes et sociales permettent de mobiliser des ressources dédiées aux projets environnementaux et sociaux, répondant à une demande croissante des investisseurs responsables. Les solutions en monnaie locale protègent les emprunteurs contre les risques de change, particulièrement importants en Afrique. Les mécanismes de partage des risques, comme les garanties partielles ou les assurances, encouragent la participation d’investisseurs privés dans des marchés perçus comme risqués. Les fonds d’investissement thématiques regroupent plusieurs investisseurs autour de secteurs spécifiques comme les énergies renouvelables ou l’agribusiness.
L’innovation financière continue dans ce secteur témoigne de la capacité d’adaptation des institutions aux besoins évolutifs du continent.
Modalités d’accès aux financements
L’accès aux financements du développement suit des procédures établies, variant selon la nature des bénéficiaires et des projets. La compréhension de ces modalités est importante pour optimiser les chances de succès des demandes de financement.
1. Pour les États
Les négociations directes avec les banques multilatérales de développement constituent la voie principale d’accès aux financements souverains, permettant d’aligner les priorités nationales avec les stratégies des bailleurs. Les programmes-pays pluriannuels établissent un cadre de coopération sur 3 à 5 ans, définissant les secteurs prioritaires et les enveloppes indicatives. La mise en place de financements basés sur les performances lie le décaissement des fonds à l’atteinte d’objectifs préalablement définis. Les conditionnalités de réformes exigent des États la mise en œuvre de changements structurels spécifiques pour accéder à certains financements.
2. Pour le secteur privé
Les appels à projets permettent aux entreprises de soumettre des propositions dans des secteurs ciblés par les institutions de financement. Les lignes de crédit transitant par les banques locales facilitent l’accès au financement pour les PME ne pouvant pas solliciter directement les bailleurs. Les cofinancements avec d’autres bailleurs permettent de partager les risques et de mobiliser des ressources plus importantes pour les grands projets. L’assistance technique préparatoire aide les entreprises à structurer leurs projets selon les standards internationaux exigés par les bailleurs.
La transparence et la rigueur de ces processus visent à garantir l’utilisation efficiente des ressources tout en maximisant l’impact développemental des projets financés. Mais la réalité est parfois tout autre.
Banques et institutions de financement du développement en Afrique : défis et perspectives
Malgré leurs succès, les institutions de financement du développement font face à des défis importants, tout en devant saisir les nouvelles opportunités qu’offre la transformation du continent.

1. Défis actuels
Les institutions de financement du développement doivent surmonter plusieurs obstacles structurels dans leurs opérations en Afrique :
- La mobilisation de ressources à long terme reste complexe face aux besoins croissants du continent, particulièrement pour les grands projets d’infrastructure.
- La gestion des risques pays nécessite une attention particulière, notamment dans des contextes d’instabilité politique ou économique.
- La coordination entre les différents bailleurs demande également des efforts constants pour éviter les duplications et maximiser l’impact des interventions.
- Le renforcement des capacités locales continue de poser un défi significatif, affectant la préparation et l’exécution des projets.
- Et enfin, l’adaptation aux changements climatiques est devenue une préoccupation majeure, exigeant une révision des approches traditionnelles de financement.
2. Opportunités émergentes
- La transition énergétique
- La transformation digitale
- L’intégration régionale
- Le développement des marchés financiers locaux
- Les innovations technologiques
Face à ces défis, de nouvelles opportunités se dessinent pour les institutions de financement :
- La transition énergétique offre un potentiel considérable, notamment dans le développement des énergies renouvelables.
- La transformation digitale du continent ouvre des perspectives prometteuses, portée par une population jeune et de plus en plus connectée.
- L‘intégration régionale, notamment à travers la ZLECAf, crée un environnement favorable aux investissements transfrontaliers. Le développement des marchés financiers locaux permet de diversifier les sources de financement
- Et les innovations technologiques améliorent l’efficacité des interventions.
La capacité de ces institutions à s’adapter à ces défis tout en saisissant les nouvelles opportunités déterminera leur efficacité future dans le soutien au développement du continent.
Comment travailler avec les banques et institutions de financement du développement ?
Opportunités de mission pour les entreprises et consultants avec les banques et institutions de financement du développement
Les banques et institutions de financement du développement offrent de nombreuses opportunités aux entreprises et aux consultants par le biais d’appels d’offres et de marchés publics. Ces institutions publient régulièrement des appels à projets sur des plateformes dédiées, permettant aux prestataires de proposer leurs services pour des initiatives de développement. Cependant, l’accès à ces opportunités peut parfois être complexe en raison des exigences techniques et administratives spécifiques à chaque institution.
Roster.Africa simplifie et structure l’accès aux opportunités de mission offertes par les banques et institutions de financement du développement. Une veille systématique est effectuée pour identifier des appels d’offres pertinents, centraliser les informations et les partager avec les membres de la communauté en fonction de leurs profils. Les consultants ainsi informés peuvent soumissionner directement après avoir pris connaissance des termes de référence.
En parallèle, des experts sont sélectionnés pour collaborer sur des missions spécifiques aux côtés de Fanaka&Co. Dans ces cas, les experts sont accompagnés tout au long du processus, de l’identification des opportunités à la soumission des offres techniques et financières, en passant par la facilitation des démarches administratives. Cet appui permet de garantir le respect des standards internationaux exigés et d’optimiser la collaboration avec les institutions concernées.
Recrutement d’experts et opportunités d’emploi dans les banques de développement
Les banques et institutions de financement recrutent également des experts et des professionnels en interne pour soutenir leurs projets à travers l’Afrique. Ces institutions recherchent des profils variés, notamment des experts techniques, des gestionnaires de projet, des économistes, des ingénieurs, des spécialistes en environnement et des professionnels de la santé publique.
Les qualifications recherchées incluent une expertise avérée dans des domaines clés tels que le développement durable, l’énergie, les infrastructures, ou encore la finance inclusive. Une expérience de terrain dans les contextes africains constitue souvent un atout majeur pour ces postes. Roster.Africa, grâce à son réseau étendu, partage ces opportunités d’emploi sur ses différents réseaux, permettant à ses membres de contribuer activement au développement du continent tout en renforçant leurs compétences et leur réseau professionnel.
Roster.Africa : une plateforme pour des solutions adaptées aux besoins des banques et institutions de financement du développement en Afrique
Les banques et institutions de financement du développement jouent un rôle déterminant dans la transformation économique et sociale de l’Afrique. À travers leurs financements structurants, leur expertise technique et leur soutien aux réformes, elles contribuent à la modernisation des infrastructures, au développement du secteur privé et à la lutte contre la pauvreté. Cependant, pour garantir un impact maximal, ces initiatives doivent s’appuyer sur une compréhension fine des contextes locaux et des réalités spécifiques des pays africains.
C’est dans cet esprit que Roster.Africa intervient en tant que partenaire clé de ces institutions. En facilitant l’intégration d’experts africains et de professionnels ayant une connaissance approfondie des dynamiques locales, Roster.Africa apporte une valeur ajoutée aux projets de développement. La plateforme agit comme un pont entre ces institutions et une communauté d’experts qualifiés, permettant de répondre aux défis du terrain avec des solutions mieux contextualisées et plus pertinentes.
En collaborant avec Roster.Africa, les banques et institutions bénéficient d’une expertise locale qui garantit non seulement la faisabilité des projets, mais également leur appropriation par les communautés bénéficiaires, assurant ainsi un impact durable et transformateur.

Conclusion
Les banques et institutions de financement du développement sont des acteurs indispensables de la transformation économique de l’Afrique. Leur efficacité repose sur leur capacité à mobiliser des ressources importantes, à proposer des solutions financières adaptées et à catalyser les investissements privés.
Cependant, la complexité et la lourdeur des procédures de ces institutions créent souvent des effets contre-productifs. Les processus d’approbation et de décaissement, particulièrement longs et complexes, ralentissent considérablement la mise en œuvre des projets. Cette situation conduit à des taux de décaissement particulièrement faibles – souvent inférieurs à 30% des fonds engagés – limitant ainsi l’impact réel des financements sur le développement.
Par ailleurs, les exigences procédurales strictes tendent à favoriser de grands cabinets internationaux familiers de ces processus, au détriment d’acteurs locaux qui, malgré leur meilleure connaissance du terrain, peinent à répondre aux critères administratifs. Cette situation crée un décalage entre les solutions proposées et les réalités locales, affectant l’efficacité et la durabilité des projets.
Face aux défis du continent – notamment le changement climatique, la croissance démographique et les besoins en infrastructures – ces institutions doivent non seulement innover dans leurs approches et leurs instruments, mais aussi simplifier leurs procédures tout en maintenant leur rigueur. L’enjeu est de trouver un équilibre entre la nécessaire diligence dans l’utilisation des fonds et l’impératif d’efficacité et de rapidité dans la mise en œuvre des projets. Leur capacité à réformer leurs processus sera aussi déterminante que leurs ressources financières pour accompagner l’Afrique vers une croissance durable et inclusive.
Que retenir ?
L’avenir du financement du développement en Afrique repose sur trois piliers essentiels : l’innovation dans les mécanismes de financement, l’adaptation aux spécificités locales et la capacité à mobiliser des ressources croissantes pour répondre aux besoins du continent. La coordination entre les différentes institutions et leur alignement avec les priorités africaines seront déterminants pour maximiser leur impact sur le développement du continent.